Hypodermites aiguës et chroniques Cours de dermatologie
Généralités
:
A - TERMINOLOGIE :
L’hypoderme ou pannicule adipeux constitue la troisième couche
du revêtement cutané, pondéralement la plus importante.
Le tissu
graisseux dans son ensemble incluant la graisse mésentérique et rétropéritonéale représente 15 à 22 % du poids corporel.
La graisse
cutanée est en contact avec le derme en haut et l’aponévrose
superficielle en profondeur.
Elle comporte des lobules adipocytaires
délimités par des cloisons conjonctives (septums interlobulaires)
dans lesquelles cheminent les vaisseaux et les nerfs destinés à la
vascularisation et à l’innervation de la graisse elle-même et du
derme sus-jacent.
La vascularisation du lobule adipeux est de type
terminal avec une artériole centrolobulaire, sans réseau
anastomotique entre deux lobules contigus.
L’obstruction de cette
artériole unique est donc capable d’entraîner une nécrose
ischémique lobulaire.
Dans la terminologie médicale française, on distingue :
– les hypodermites septales avec atteinte primitive des septums interlobulaires ; le prototype en est l’érythème noueux ;
– les hypodermites ou panniculites lobulaires avec atteinte primitive
du lobule graisseux ;
– les hypodermites septales avec atteinte primitive des vaisseaux
qui y cheminent ;
– les hypodermites (panniculites) mixtes touchant les septums
interlobulaires et les lobules.
Dans la terminologie médicale anglo-saxonne, le terme de panniculite est utilisé en première intention quelle que soit la
structure primitivement touchée.
B - ASPECTS SÉMÉIOLOGIQUES
ET ANATOMOPATHOLOGIQUES GÉNÉRAUX
:
L’analyse clinique des lésions d’hypodermite est généralement
décevante.
Seul l’érythème noueux a une séméiologie et une
évolution très évocatrices. Le recours à des examens
complémentaires est indispensable.
Il s’agit d’une pathologie rare.
Les hypodermites se présentent comme des lésions nodulaires ou
en plaques, sensibles à la palpation, pouvant être ou non
inflammatoires.
La peau de recouvrement peut être rouge et
inflammatoire ou d’apparence saine.
La lésion nodulaire est ferme
ou au contraire peut devenir fluctuante et avoir tendance à la
fistulisation.
En fonction de leur étiologie, l’évolution est aiguë ou
torpide, leur résolution peut s’accompagner d’une fibrose ou d’une lipoatrophie. Les membres inférieurs et surtout les jambes sont le
site de prédilection.
La difficulté de l’analyse clinique pour orienter
le diagnostic étiologique nécessite des examens complémentaires
dont le plus important est l’examen anatomopathologique.
Celui-ci
n’est en mesure d’apporter des informations que lors d’une biopsie
au bistouri intéressant la totalité de l’épaisseur de l’hypoderme
jusqu’à l’aponévrose en profondeur et mesurant 1,5 cm de grand
axe et 1 cm de largeur.
Dans ces conditions, la totalité des structures
hypodermiques, à savoir le lobule et les septums, est représentée :
on estime en effet que le diamètre de la sphère ou du cylindre que
représente le lobule graisseux est de l’ordre de 1 cm.
L’autre exigence anatomopathologique est la biopsie d’une lésion
récente où les lésions inaugurales restent analysables.
En effet, très
rapidement, les dégâts adipocytaires et l’atteinte vasculaire avec
nécrose graisseuse secondaire vont entraîner l’apparition d’une
réaction granulomateuse secondaire.
Celle-ci, lipophagique,
gigantocellulaire, manque totalement de spécificité.
Le prélèvement mycobactériologique n’est pas systématiquement
demandé en première intention.
Hypodermites septales :
Elles sont caractérisées par une atteinte préférentielle des septums interlobulaires, sans vasculite ni autre altération vasculaire, sans
panniculite.
Elles comprennent deux affections :
– l’érythème noueux ;
– l’hypodermite nodulaire subaiguë migratrice ou maladie de Vilanova-Pin? ol.
A - ÉRYTHÈME NOUEUX :
Il s’agit d’une hypodermite septale sans vasculite, de description
ancienne (Willan, 1798), caractérisée par la présence de nouures
touchant les faces d’extension des jambes, plus rarement les cuisses
et les avant-bras, évoluant sur 3 à 6 semaines en ne laissant aucune
séquelle dermatologique.
Sa survenue serait médiée par une réponse immune à divers
antigènes comme en témoigne, à la phase précoce, une réaction
inflammatoire limitée aux septums avec dépôts d’immunoglobulines
et de complément en périvasculaire.
1- Incidence, prévalence :
Cette affection n’est pas très fréquente avec une
prévalence de 2 à 3 pour 10 000 habitants par an.
La prévalence est corrélée à celle des principales
étiologies : par exemple, en Corée, l’érythème noueux
est rare en raison de la rareté de la sarcoïdose.
L’érythème noueux survient le plus souvent chez la femme
; toutes les séries publiées retrouvent un sex-ratio de
3/1 à 7/1.
L’âge de survenue est compris entre 20 et 45 ans avec un
pic entre 20 et 30 ans.
Il existe une incidence saisonnière avec une plus grande
fréquence de l’érythème noueux au cours du premier
semestre.
2- Signes cliniques
:
L’évolution est toujours stéréotypée et comporte trois phases
successives.
* Phase prodromique
:
L’érythème noueux est parfois précédé par une infection oto-rhinolaryngologique
(ORL) ou respiratoire haute 1 à 2 semaines avant
l’éruption cutanée.
Le plus souvent, on retrouve uniquement un
tableau non spécifique de 3 à 6 jours, comportant de la fièvre, des
arthralgies, parfois des douleurs abdominales, une légère altération
de l’état général.
* Phase d’état
:
Les nouures s’installent en 1 à 2 jours sur les faces d’extension des
jambes et des genoux, plus rarement des cuisses et des avant-bras.
Elles sont de taille variable (1 à 4 cm), peu nombreuses (3 à
12 lésions), bilatérales mais non symétriques, douloureuses
spontanément.
Elles sont chaudes, fermes, mobiles par rapport aux
plans profonds, douloureuses à la palpation.
Il existe souvent un
oedème déclive des chevilles.
La douleur est exacerbée par
l’orthostatisme.
De nouvelles lésions peuvent apparaître pendant
une dizaine de jours.
Le syndrome général de la phase prodromique
persiste ou s’accentue à la phase d’état.
* Phase régressive :
Elle est accélérée par le repos et le traitement.
Chaque nouure évolue
en une dizaine de jours en prenant des aspects contusiformes bleus
et jaunâtres.
Les lésions disparaissent sans séquelle.
Il n’y a jamais
de nécrose, ni d’ulcération, ni de cicatrice.
L’érythème noueux peut
comporter plusieurs poussées sur 1 à 2 mois, favorisées par
l’orthostatisme.
L’éruption devient alors polymorphe avec des
éléments d’âge différent.
Les arthralgies persistent parfois plusieurs
semaines après la fin de l’éruption.
3- Anatomie pathologique :
Il n’est pas nécessaire d’effectuer une biopsie cutanée qui confirme
le diagnostic d’érythème noueux mais n’apporte aucune information
sur le plan étiologique.
Dans la phase précoce, il existe un oedème des septums avec un
infiltrat lymphohistiocytaire pouvant comporter des neutrophiles et
des éosinophiles.
On note parfois des dépôts de fibrine et une
extravasation d’hématies.
L’infiltrat peut s’étendre à la périphérie
des lobules adipeux.
Adame rapporte des images de panniculite
éosinophile au cours de l’érythème noueux.
Très souvent, l’infiltrat
est à renforcement périvasculaire avec oedème et exocytose dans la
paroi des veinules.
La nécrose fibrinoïde des parois vasculaires est
exceptionnelle.
Dans les lésions tardives, les septums s’élargissent et deviennent
fibreux.
Les neutrophiles sont absents.
Il existe des granulomes macrophagiques comportant des cellules géantes.
À la périphérie
des lobules, on note des images de phagocytose lipidique.
4- Étiologies
:
* Infection à streptocoque bêta-hémolytique :
Il s’agit le plus souvent d’une angine 3 semaines auparavant, parfois
d’une infection respiratoire haute, voire d’une infection dentaire.
Classiquement, l’érythème noueux serait très inflammatoire,
récidivant et comporterait une phase desquamative.
L’évolution est
raccourcie par une antibiothérapie adaptée.
* Sarcoïdose :
C’est une étiologie très fréquente chez la femme jeune, dans le cadre
d’un syndrome de Löfgren caractérisé par l’association adénopathies
médiastinales, fièvre, arthralgies, érythème noueux et vitesse de
sédimentation (VS) accélérée.
Il existe parfois une splénomégalie et
une atteinte amygdalienne.
L’érythème noueux au cours d’une sarcoïdose est un marqueur de
bon pronostic.
Récemment, plusieurs équipes japonaises ont
rapporté des cas de sarcoïdose systémique avec des lésions des
membres inférieurs à type d’érythème noueux mais avec une
histologie de sarcoïdose.
Ces formes rares comporteraient souvent
une atteinte oculaire.
* Yersiniose :
C’est une étiologie fréquente en Europe, en particulier en France.
La
phase prodromique comporte des douleurs digestives (douleurs
abdominales, syndrome pseudoappendiculaire), la phase d’état des diarrhées.
Les bacilles en cause sont Yersinia enterocolitica chez
l’adulte et Yersinia pseudotuberculosis chez l’enfant et l’adolescent.
Les coprocultures et les sérodiagnostics permettent de confirmer le
diagnostic.
* Autres agents infectieux :
La tuberculose était une étiologie classique de l’érythème noueux ;
elle est devenue rare en Europe et aux États-Unis.
La liste des causes
infectieuses est de plus en plus longue.
Certaines
étiologies sont des observations uniques.
Les sérodiagnostics
bactériens, viraux, parasitaires et fongiques doivent être ciblés en
fonction du contexte.
L’érythème noueux peut survenir au cours
d’une infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH),
soit isolément, soit révélant une tuberculose ou une autre
infection.
Lors d’une hépatite C, on peut observer un érythème
noueux au cours de la phase aiguë initiale et au stade de l’hépatite
chronique active.
Il est cependant difficile d’établir un lien entre
l’érythème noueux et ces deux affections virales caractérisées par
une réplication virale permanente.
* Médicaments et vaccins
:
L’origine médicamenteuse est difficile à prouver et de nombreux
médicaments ont été incriminés à tort.
Des observations sont
rapportées lors de traitements par sulfamides, antibiotiques
(minocycline, céfixime), oméprazole, facteur de croissance
(macrophage colony stimulating factor [MCSF]), au décours d’une
vaccination contre l’hépatite B. Les oestrogènes peuvent également
induire des érythèmes noueux ; la contraception oestroprogestative
semble plutôt favoriser la survenue de syndrome de Löfgren.
Des
érythèmes noueux sont observés lors de la grossesse et du
traitement substitutif hormonal de la ménopause.
* Entéropathies chroniques et affections digestives :
L’érythème noueux peut survenir lors d’une rectocolite
hémorragique, plus rarement lors d’une maladie de Crohn.
Il peut
être révélateur ou survenir lors des poussées évolutives. D’autres
étiologies, plus rares, sont rapportées dans la littérature : maladie
coeliaque, diverticulite, cirrhose biliaire primitive.
* Affections malignes :
Les leucémies et les cancers viscéraux sont des causes rares
d’érythème noueux.
Les observations sont plus nombreuses et
mieux documentées en ce qui concerne les lymphomes malins
hodgkiniens et non hodgkiniens.
* Mastite granulomateuse :
C’est une affection bénigne, d’individualisation récente, qui simule
un cancer du sein.
Elle touche la femme jeune ayant déjà procréé et
se présente comme une masse dure, adhérente, parfois douloureuse.
Histologiquement, il s’agit d’une inflammation interlobulaire,
granulomateuse.
De nombreuses associations sont décrites, en
particulier l’érythème noueux.
La mastite granulomateuse pourrait
être une forme particulière de sarcoïdose.
* Syndrome de Sweet :
L’association syndrome de Sweet et érythème noueux est rare.
Très
souvent, une troisième affection est associée, pouvant être également
à l’origine d’un érythème noueux (sarcoïdose, maladie de Crohn).
Dans ces observations, l’érythème noueux est documenté sur le plan
histologique et permet de confirmer qu’il ne s’agit pas d’un
syndrome de Sweet prenant un aspect d’érythème noueux aux
membres inférieurs.
* Autres étiologies
:
De nombreuses étiologies sont rapportées dans la littérature.
5- Bilan d’un érythème noueux
:
* Examens non spécifiques
:
Il existe toujours un syndrome inflammatoire non spécifique
(accélération de la VS, élévation du fibrinogène, de la C reactive
protein [CRP]) et parfois une hyperleucocytose avec polynucléose
neutrophile.
Une biopsie cutanée est réalisée en cas de doute quant
à la nature de l’hypodermite.
*
Bilan étiologique :
Il convient de réaliser un bilan minimal : transaminases,
antistreptolysine O (ASLO) et antistreptodornases, tests
tuberculiniques, dosage de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, sérodiagnostic des yersinioses et coproculture pour
la recherche de Yersinia, radiographie de thorax.
Ce bilan est
complété en fonction des premiers résultats et des données
chroniques et anamnestiques.
6- Formes particulières :
* Érythème noueux lépreux
:
Ce n’est pas un érythème noueux mais une vasculite allergique à
complexes immuns.
C’est une réaction lépreuse habituellement
secondaire au traitement spécifique de la lèpre lépromateuse ou
borderline lépromateuse et parfois en dehors de tout traitement.
* Érythème noueux plantaire :
Récemment, plusieurs auteurs ont rapporté des observations de
« nodules plantaires douloureux de l’enfant ».
Le tableau est souvent
stéréotypé : il s’agit d’une éruption papulonodulaire érythémateuse,
très douloureuse, rendant la marche impossible, pouvant
s’accompagner de fièvre et évoluant souvent par poussées.
Cette
entité peut correspondre à différentes affections : érythème noueux, hidradénite plantaire, urticaire retardée à la pression, vasculite et
panniculite au froid.
7- Traitement symptomatique
:
Le repos alité est la principale mesure thérapeutique.
Différents
médicaments peuvent être administrés pour atténuer les douleurs
et le caractère inflammatoire des nouures :
– paracétamol ;
– indométhacine ;
– iodure de potassium (trois gélules à 300 mg/j pendant une dizaine
de jours).
Les corticoïdes ne sont pas indiqués.
Plusieurs auteurs ont signalé
l’intérêt de l’hydroxychloroquine à la posologie de 200 mg deux fois
par jour.
B - HYPODERMITE NODULAIRE SUBAIGUË MIGRATRICE
:
C’est la maladie de Vilanova-Pinol.
On parle parfois d’érythème
noueux persistant ou d’érythème noueux migrant.
Cette affection
touche surtout la femme adulte et atteint exclusivement les membres
inférieurs.
Elle débute par un nodule unique jambier antérolatéral.
Celui-ci s’étend de façon centrifuge et forme un placard infiltré jaune-rouge, parfois adhérent, mesurant plus de 10 cm de diamètre,
parfois indolore.
D’autres nodules peuvent apparaître, le plus
souvent d’un seul côté.
Les lésions régressent en quelques semaines
à quelques mois.
L’état général est conservé.
Il existe parfois des
arthralgies.
Rarement, l’affection évolue sans arrêt pendant des
années ; elle est souvent récidivante.
L’étiologie est inconnue.
L’examen histologique montre une capillarite des septums interlobulaires.
L’infiltrat inflammatoire est modéré, mais comporte
de nombreuses cellules géantes.
Il existe une importante
prolifération vasculaire. L’atteinte lobulaire de voisinage est rare.
Cet
aspect histologique est proche de celui de la forme tardive de
l’érythème noueux.
La guérison est accélérée par le repos et par
l’administration de iodure de potassium.
Hypodermites lobulaires :
A - CYTOSTÉATONÉCROSE PANCRÉATIQUE
:
Il s’agit d’une nécrose adipocytaire brutale survenant en association
avec une affection pancréatique et dans l’immense majorité des cas
avec augmentation de l’amylasémie et de la lipasémie.
Beaucoup de
ces cytostéatonécroses (CNS) ont été rapportées sous la
dénomination de maladie de Weber-Christian due ou associée à une
cause pancréatique.
Cette dénomination ne doit plus être utilisée en
cas de panniculite lobulaire nécrosante associée à des anomalies
enzymatiques et à une pathologie pancréatique.
La seule appellation
correcte est celle de « CSN pancréatique ».
La pathologie pancréatique associée à cette CSN est variable.
Il s’agit
de pancréatites aiguës (17 %), de pancréatites chroniques (38 %), de
faux kystes du pancréas, en particulier lors de fissuration de ceuxci,
de cancers du pancréas (30 %), de malformations pancréatiques
(pancréas divisum) génératrices de pancréatites.
La CSN pancréatique touche avec prédilection l’homme entre 40 et
70 ans.
Les lésions cutanées sont des nodules ou des plaques
inflammatoires, dermohypodermiques, pouvant évoluer vers la
fistulisation.
Cette éruption s’accompagne de fièvre, d’arthralgies,
de douleurs osseuses avec lésions ostéolytiques, d’une éosinophilie
sanguine, parfois d’épanchements séreux.
Les signes abdominaux
évocateurs de pancréatite peuvent être absents au début et
apparaître ultérieurement ; ils peuvent manquer en cas de cancer du
pancréas.
1- Bilan :
Les éléments du bilan permettent de suspecter une CSN d’origine
pancréatique.
Il existe une augmentation souvent nette de
l’amylasémie et de la lipasémie avec excrétion urinaire accrue
(lipasurie et amylasurie).
Le dosage de l’alpha-1-antitrypsine est normal.
Une éosinophilie sanguine aurait également une valeur
d’orientation.
La biopsie d’une lésion nodulaire récente montre une
image très particulière de nécrose des cellules graisseuses dont on
voit persister des fragments de membrane avec parfois des microcalcifications extrêmement précoces (cellules « fantômes »).
Cette image est très évocatrice, l’infiltrat inflammatoire est souvent
localisé en bordure de foyers de nécrose graisseuse et il comporte
initialement des polynucléaires et devient secondairement granulomateux.
La phase granulomateuse montre surtout d’intenses
images lipophagiques.
Le mécanisme de la nécrose adipocytaire est
mal compris, les enzymes pancréatiques pourraient pénétrer le
cytoplasme des adipocytes qui ont des connexions intimes avec la
lumière des capillaires sanguins.
La graisse intra-adipocytaire serait
ainsi très vite dégradée et digérée, alors que les membranes
adipocytaires sont plus résistantes à la digestion enzymatique.
Les
dépôts de calcium sont favorisés par la présence d’acides gras
libres.
Le pronostic de la CSN d’origine pancréatique est fonction de
l’atteinte pancréatique initiale.
En cas de cancers du pancréas,
ceux-ci sont souvent métastatiques d’emblée et de très mauvais
pronostic.
Il n’y a pas de parallélisme entre l’importance des
modifications enzymatiques et la sévérité des manifestations
cutanées.
Cependant, la régression de l’atteinte pancréatique
s’accompagne de la disparition des lésions cutanées.
Le traitement
est celui de la cause pancréatique déclenchante.
2-
Nosologie :
Dans la littérature médicale française ou francophone, on retrouve
de nombreuses références faisant allusion à des maladies de Weber-Christian d’origine pancréatique.
Cette dénomination abusive peut
résulter de similitudes cliniques entre la maladie de Weber-Christian
et la CSN pancréatique qui ont en commun l’éruption nodulaire
prédominant sur les membres inférieurs, la fièvre, les arthralgies.
Cependant, l’aspect anatomopathologique est bien différent, avec la
nécrose particulière des adipocytes dans la CSN pancréatique, la
présence de membranes adipocytaires, les dépôts calciques précoces
et la lipophagie intense secondaire.
Il existe en outre
d’exceptionnelles observations de CSN avec anomalies
enzymatiques sanguines (lipasémie) ou cutanées (amylase et lipase
dans les lésions cutanées) sans pathologie pancréatique associée.
B - PANNICULITE NODULAIRE RÉCIDIVANTE FÉBRILE
(MALADIE DE WEBER-CHRISTIAN)
:
Elle touche surtout les femmes entre 30 et 60 ans.
Des cas
pédiatriques sont rapportés.
Il n’y a pas de prodrome. Les lésions sont des nodules de 1 à 2 cm
de diamètre, formant parfois des placards de plus grande taille.
Ces
nodules sont chauds, inflammatoires, douloureux à la palpation.
La
peau en regard est érythémateuse.
Ils siègent sur les membres
inférieurs, les fesses, la face postérieure des bras.
La face est
respectée.
Ces nodules évoluent vers un ramollissement, voire une
liquéfaction, avec évacuation par un orifice cutané d’un liquide
huileux, jaunâtre.
Puis les lésions disparaissent, laissent une atrophie
cupuliforme séquellaire, parfois une hyperpigmentation
postinflammatoire.
La maladie de Weber-Christian comporte des
signes généraux : fièvre, malaise, arthralgies, myalgies, voire
douleurs abdominales, thoraciques, osseuses en cas d’extension
viscérale ou médullaire.
Elle évolue par poussées ; les récidives
attirent l’attention dans les formes discrètes.
Le pronostic est
fonction du degré d’extension, bon en cas d’atteinte purement
cutanée, plus sombre dans les formes viscérales.
La panniculite
nodulaire liquéfiante est à rapprocher de la maladie de Weber-Christian.
Cependant, dans cette affection, l’état général est
conservé, les lésions peu nombreuses, l’évolution bénigne.
Le bilan biologique note une accélération de la VS, une
hyperleucocytose.
D’autres anomalies s’observent en cas d’atteinte
systémique : leucopénie, anémie (atteinte médullaire), perturbations
des tests hépatiques, élévation des enzymes musculaires.
Les autres examens à mettre en oeuvre visent surtout à éliminer des
affections dont l’allure clinique est voisine.
Ce sont :
– le dosage des enzymes pancréatiques dans le sang et l’urine qui
est normal ;
– le dosage de l’alpha-1-antitrypsine, également normal ;
– le dosage des marqueurs de la panniculite histiocytaire
cytophagique.
L’examen histopathologique permet de décrire trois stades
évolutifs :
– phase aiguë : panniculite lobulaire, avec infiltration
centrolobulaire de polynucléaires neutrophiles, absence de CSN ;
– puis constitution d’un granulome lipophagique histiocytaire,
comportant quelques cellules géantes ; ce granulome peut présenter
une évolution liquéfiante ;
– en fin d’évolution, on note une fibrose qui remplace le tissu
adipeux.
Le pronostic de cette panniculite nodulaire récidivante est bon avec
des poussées qui peuvent s’échelonner sur 4 à 5, voire 10 années.
Il n’y a pas de traitement bien codifié, ni régulièrement efficace.
La
colchicine, la dapsone (Disulonet) méritent d’être essayées.
Les
antipaludéens de synthèse ont également été préconisés.
Dans les
formes très sévères ou avec atteinte viscérale, le recours à la
corticothérapie générale est recommandé (1 à 1,5 mg/kg/j de prednisone en traitement d’attaque), avec des cures de l’ordre de
6 semaines.
C - PANNICULITE PAR DÉFICIT
EN ALPHA-1-ANTITRYPSINE
:
Le tableau clinique est le plus souvent celui d’une maladie de Weber-Christian.
Le début se fait à n’importe quel âge de la vie par
des lésions nodulaires ou des plaques inflammatoires, profondes, à
évolution fluctuante et fistulisante.
Certaines lésions peuvent être déclenchées par des traumatismes ou
aggravées par le débridement chirurgical pour évacuer la graisse
nécrosée.
Le tableau anatomopathologique est celui d’une panniculite
lobulaire neutrophilique.
Cependant, certains signes sont particuliers
et ont une valeur d’orientation : il existe souvent une nécrose
associée des septums interlobulaires et du derme profond, les
hémorragies sont importantes et l’on note parfois des images de
thrombose vasculaire.
La présence de polynucléaires neutrophiles
entre les fibres de collagène dermique serait un signe précoce et
évocateur.
De façon très particulière, on note la proximité de
lobules détruits par la nécrose hémorragique avec des lobules sains
au voisinage immédiat.
Les panniculites par déficit en alpha-1-antitrypsine représentent 15 à
20 % de l’ensemble des panniculites nodulaires neutrophiliques.
Le syndrome de Marshall se caractérise par l’association d’un
syndrome de Sweet laissant des séquelles à type de cutis laxa associé
à un déficit en alpha-1-antitrypsine.
L’alpha-1-antitrypsine est une glycoprotéine à activité antiprotéasique,
synthétisée par les hépatocytes et les macrophages.
La concentration
sérique augmente au cours des réactions inflammatoires, de la
grossesse, lors de l’administration d’oestrogènes.
Pour un individu
donné, on peut définir un phénotype PI (protease inhibitor)
déterminant le taux sérique.
La transmission génétique du déficit
est autosomique dominante.
Plusieurs maladies y sont associées :
emphysème, hépatite, cirrhoses infantiles, urticaires, angio-oedème.
Les lésions cutanées se voient avec prédilection lorsque le taux
sérique est le plus faible (10 à 20 %) (phénotype PZZ).
Les autres
phénotypes sont rarement en cause.
Le traitement repose sur les inhibiteurs des polynucléaires
neutrophiles : anti-inflammatoires non stéroïdiens, dapsone,
colchicine, tétracycline.
En cas de manifestations viscérales sévères, l’administration d’alpha-1-
antitrypsine peut être réalisée.
La transplantation hépatique, quand
elle est nécessaire, entraîne la rémission des lésions cutanées.
D - ADIPONÉCROSE MULTINODULAIRE DISSÉMINÉE
AIGUË DE L’ENFANT :
Il s’agit d’une entité exceptionnelle, survenant chez l’enfant avec
éruption de lésions nodulaires sous-cutanées, sans atteinte de l’état
général ni arthralgies.
La biopsie montre une image de panniculite granulomateuse sans
image de cristallisation des graisses.
Cette affection non récidivante
doit être distinguée des panniculites type Weber-Christian de
l’enfant, qui ont volontiers une évolution récidivante et comportent
des signes généraux et de la lipogranulomatose de
Rothmann-Makaï.
E - LIPOGRANULOMATOSE DE ROTHMANN-MAKAÏ :
Il s’agit d’une entité controversée : simple stade évolutif d’une
panniculite lobulaire ou authentique affection autonome caractérisée
par l’absence de signes systémiques, la localisation préférentielle des
lésions sur les jambes et le petit nombre de lésions nodulaires
souvent solitaires mais susceptibles d’évoluer par poussées.
L’aspect anatomopathologique est celui d’une panniculite lobulaire
granulomateuse avec images de pseudokystes résultant de la
nécrose contiguë de plusieurs adipocytes.
Le bilan étiologique est négatif ; on ne connaît pas de traitement
efficace.
Certains rapprochent cette affection des panniculites
lipoatrophiantes.
F - CYTOSTÉATONÉCROSE DU NOUVEAU-NÉ
:
Synonyme : nécrose de la graisse hypodermique du nouveau-né.
Elle est rare et a surtout un bon pronostic.
Elle survient chez des
nouveau-nés à terme ou postmatures avec des facteurs déclenchants
divers tels que traumatisme obstétrical, hypothermie, anoxie
périnatale et plus rarement diabète maternel ou prééclampsie.
La lésion élémentaire est un nodule ou une plaque, mobilisable par
rapport aux plans profonds, surmontée par une peau rouge ou
violacée.
Le nombre de lésions et leur taille sont variables.
Elles
siègent souvent sur des régions soumises à des traumatismes ou à
une pression : dos, régions deltoïdiennes, fesses, faces externes des
cuisses.
Ces lésions ne gênent pas les mouvements et leur régression
spontanée en l’espace de quelques semaines est de règle.
Plus
rarement, les nodules deviennent fluctuants et menacent de fistuliser, les aspirations évacuatrices sont alors indiquées.
La biopsie montre l’image caractéristique d’une cristallisation des
graisses à l’intérieur des adipocytes ou au sein de cellules géantes
avec une image de fentes lancéolées à disposition radiaire dans le
cytoplasme des cellules.
Des foyers de microcalcifications peuvent
être observés dans les adipocytes nécrosés.
Cette cristallisation intraadipocytaire
des graisses est due à une anomalie de répartition des
lipides avec teneur élevée en acides gras saturés (acide palmitique)
et teneur normale ou basse en acides gras insaturés (acide oléique).
Ceci entraîne une élévation du point de solidification pouvant être à
l’origine de la cristallisation, en particulier sous l’influence du
froid.
L’étendue des lésions peut être favorisée par la sévérité des causes
déclenchantes.
Outre la fistulisation spontanée, on a pu observer des
complications résultant d’hémorragies intralésionnelles, de
surinfections.
La complication la plus originale semble être
l’hypercalcémie secondaire pouvant survenir de façon retardée. Elle
se manifeste par des troubles digestifs (anorexie, vomissements,
constipation), de l’adynamie et l’absence de prise pondérale.
De façon plus récente, on a signalé des CSN du nourrisson
survenant après chirurgie cardiaque sous hypothermie.
Ces
observations, où l’hypothermie semble jouer un rôle essentiel, sont
des intermédiaires entre les CSN multifactorielles et les panniculites
a frigore.
La régression spontanée sans séquelles ou avec une
discrète fibrose est de règle.
Il ne semble pas exister de traitement efficace ; on évite la
prescription de vitamine D en raison de la survenue secondaire
d’hypercalcémies.
Celles-ci pourraient être dues à la sécrétion de
vitamine D par les cellules du granulome.
Elle doit être distinguée du sclérème néonatal exceptionnel, touchant
les prématurés et associé à une maladie grave au pronostic réservé
(état de choc, cardiopathie...).
Il existe une infiltration cireuse de la
peau débutant aux membres inférieurs, se généralisant en quelques
jours en respectant les paumes, les plantes et les organes génitaux.
La biopsie cutanée montre un épaississement des septums interlobulaires sans panniculite associée et sans nécrose
graisseuse.
Les dégâts dus au froid de la période néonatale sont parfois difficiles
à distinguer du sclérème. Ils sont devenus exceptionnels et
surviennent chez des nouveau-nés hypotrophiques.
G - PANNICULITES LIÉES AU FROID
:
Elles ont été décrites par Haxthausen et touchent l’enfant et le
nourrisson après une exposition au froid.
Les lésions siègent souvent
sur les régions malaires ou les extrémités, apparaissent dans un délai
court après l’exposition (1 à 2 jours, au maximum 1 semaine).
Il
s’agit de lésions nodulaires ou de plaques, infiltrées, rouges,
inflammatoires, non fluctuantes.
L’ingestion de crèmes glacées est
un autre facteur déclenchant classique avec localisation des lésions
sur les joues.
Les lésions peuvent être reproduites par application
d’un cube de glace sur la peau.
Elles disparaissent spontanément
sans laisser d’atrophie cicatricielle en l’espace de 3 à 6 semaines.
Des panniculites a frigore ont été décrites dans la période néonatale
chez des enfants exposés au froid avec des lésions oedémateuses,
infiltrées, qu’il convient de différencier de la CSN néonatale.
Chez l’adulte, des panniculites au froid surviennent chez des
personnes exposées au froid avec une protection vestimentaire
insuffisante (livreurs de lait en Grande-Bretagne, cavaliers...).
La
graisse des régions supéroexternes des cuisses est le site le plus
classique, mais on a décrit des atteintes des fesses, des genoux, des
chevilles.
La biopsie montre un oedème des cloisons interlobulaires
et un infiltrat mononucléé des lobules graisseux, sans image de
cristallisation des graisses, avec quelques nécroses adipocytaires.
L’infiltrat mononucléé se trouve également autour des vaisseaux et
peut affecter le derme réticulaire, associé à un oedème, une
souffrance vasculaire avec turgescence endothéliale pouvant aller
jusqu’à la thrombose.
Le bilan biologique est toujours normal.
Leur
traitement est surtout prophylactique.
H - HYPODERMITES PHYSIQUES TRAUMATIQUES :
Elles constituent un ensemble hétérogène avec des images
anatomopathologiques diverses en fonction des étiologies que l’on
peut déterminer.
1- Hypodermites pathomimiques post-traumatiques
:
Elles surviennent plus souvent chez la femme sans effraction
cutanée, après traumatismes répétés d’une zone cutanée par des
objets mousses.
Les lésions siègent sur des régions du corps
facilement accessibles et se manifestent par des plaques ou des
nodules violacés à évolution contusiforme, pouvant être sensibles à
la palpation.
Le bilan étiologique à la recherche d’une cause
pancréatique, infectieuse ou d’un déficit en alpha-1-antitrypsine est
négatif.
Il n’y a en règle pas de syndrome inflammatoire ni
d’anomalies biologiques.
La biopsie montre des lésions de nécrose adipocytaire avec un
infiltrat à polynucléaires dans les formes récentes associées à des
suffusions hémorragiques lobulaires et septales laissant
secondairement des dépôts d’hémosidérine dans les macrophages.
De telles lésions guérissent le plus souvent sans séquelle ou avec
une fibrose discrète résiduelle sous occlusion plâtrée.
Le caractère autoprovoqué de ces panniculites traumatiques est souvent difficile
à prouver, même après un examen psychiatrique.
2- Hypodermites post-traumatiques accidentelles
:
Elles surviennent après un traumatisme connu ou encore après des
traumatismes légers, oubliés ou non reconnus.
La femme est
préférentiellement atteinte et les lésions siègent dans des zones de
pannicule adipeux important et exposées à des traumatismes
(cuisses, fesses, seins, régions postérieures des bras).
L’allure clinique est celle d’une lésion nodulaire de taille variable,
de consistance ferme, enchâssée dans la peau, non adhérente aux
plans profonds, avec un phénomène de peau d’orange en surface.
Cette lésion solitaire est le plus souvent asymptomatique et
découverte par la malade lors de la toilette.
Au niveau du sein, le
diagnostic différentiel essentiel est celui du cancer.
La survenue chez
l’homme est exceptionnelle.
À la phase aiguë, la biopsie montrerait des images de nécrose
graisseuse, des foyers hémorragiques et un infiltrat inflammatoire
polymorphe.
À la phase tardive, on note la présence d’un granulome lipophagique, de pseudokystes et une fibrose des zones atteintes,
sans cristallisation des graisses et sans matériel étranger.
Le diagnostic est basé sur l’anamnèse, l’absence des étiologies
classiques et l’aspect anatomopathologique.
3- Nécroses graisseuses nodulokystiques :
Il s’agit de lésions indolores, uniques ou multiples, siégeant sur les
jambes des adolescents ou de jeunes femmes avec une notion de
traumatisme préalable dans un tiers des cas.
L’exérèse chirurgicale montre des formations kystiques bien
encapsulées avec, à l’examen anatomopathologique, une formation
kystique contenant des restes de membranes adipocytaire, parfois
des foyers de microcalcifications et une paroi fibreuse.
Elle n’a pas de lésion clinique évocatrice et se manifeste par des
nodules ou des plaques infiltrées des jambes ou des chevilles de
femmes avec une surcharge pondérale.
C’est à la biopsie que l’on
découvre des cavités anfractueuses bordées par des membranes hyalinisées PAS-positives.
L’association à des troubles vasculaires des membres inférieurs est
fréquente, mais la survenue de cette nécrose n’est pas spécifique
d’une pathologie donnée.
Elle a été signalée en association avec
l’érythème noueux, avec une sclérodermie localisée...
5- Hypodermites provoquées par des injections
:
L’aspect est fonction des substances injectées.
Il peut s’agir
d’hypodermites aiguës suppuratives après injection de matières
organiques (selles, lait...) ou de substances médicamenteuses
(pentazocine [Fortalt], buprénorphine [Subutext, Temgésict],
apomorphine [Apokiront], mépéridine, interleukine 2, gahexate
mesilate.
En revanche, les injections de silicone ou de paraffine
donnent naissance à des réactions granulomateuse chroniques avec
présence de vacuoles entourées de fibrose.
La présence de dépôts amorphes, de cristaux biréfringents en
lumière polarisée ou de vacuoles optiquement vides permettent de
suspecter la présence d’une substance injectée. Son identification
plus précise nécessite le recours à des moyens plus sophistiqués
(spectroscopie...).
I - PANNICULITE POST-STÉROÏDIENNE :
Elle survient exclusivement chez le nourrisson et l’enfant au cours
de la décroissance rapide d’une corticothérapie générale instituée
pour des pathologies variées (syndrome néphrotique, leucémie,
rhumatisme inflammatoire...).
Il s’agit de l’éruption de nodules ou
de plaques dermohypodermiques, infiltrés, rouges, parfois sensibles
à la palpation, siégeant sur les joues, les membres.
Les lésions
surviennent volontiers dans le pannicule adipeux développé sous
l’influence de la corticothérapie.
Leur évolution est spontanément
résolutive en l’espace de quelques semaines ou mois, même en
l’absence de reprise de la corticothérapie aux doses antérieures.
Elle
n’est pas décrite chez l’adulte.
L’examen anatomopathologique montre une panniculite
granulomateuse avec cellules géantes, réaction lipophagique et
images de cristallisation des graisses comme dans la CSN néonatale.
Le diagnostic différentiel se fait avec les panniculites a frigore.
J - PANNICULITE HISTIOCYTAIRE CYTOPHAGIQUE :
Il s’agit d’une entité très rare dont les aspects ont fait l’objet d’une
mise au point récente.
Le tableau clinique est celui d’une éruption
de nodules hypodermiques, parfois ecchymotiques.
Cette éruption
est la localisation cutanée d’un syndrome d’activation macrophagique (SAM) Celui-ci se caractérise par de la fièvre, une
altération de l’état général, une hépatosplénomégalie, une
pancytopénie (75 % des cas), une cytolyse hépatique (100 %).
Les
signes cutanés sont présents dans 20 % des cas.
L’aspect
anatomopathologique est caractéristique avec présence d’un infiltrat
histiocytaire avec hémo- et lymphocytophagocytose au niveau de
l’hypoderme.
Les facteurs déclenchants et favorisants sont les
infections bactériennes (tuberculose...) et virales (virus de l’herpès, parvovirus B19, VIH...) et l’existence d’un déficit immunitaire
associé.
La recherche d’un lymphome doit être systématique, mais la
population cellulaire lymphomateuse peut être masquée par la
prolifération réactionnelle histiocytaire.
L’histiocytose maligne a une situation nosologique controversée :
pour certains, il pourrait s’agir d’une forme fulminante d’un SAM.
K - LYMPHOMES À LOCALISATION HYPODERMIQUE
:
Ils peuvent être associés à une panniculite histiocytaire
cytophagique.
Il existe également une variété hypodermique de
lymphome T périphérique caractérisée par la survenue de nodules
inflammatoires se multipliant rapidement et pouvant s’accompagner
d’une atteinte leucémique.
Ce lymphome est homologué dans la
classification de Kiel (subcutaneous panniculitic T-cell lymphoma).
Dans de nombreux autres lymphomes cutanés B ou T, l’atteinte de
l’hypoderme n’est pas isolée et s’accompagne d’une atteinte
dermique.
Hypodermites vasculaires :
Elles comportent trois situations :
– les vasculites systémiques ;
– la vasculite nodulaire et l’érythème induré de Bazin ;
– les thrombophlébites nodulaires.
A - VASCULITES SYSTÉMIQUES :
Elles comprennent les affections suivantes :
– la périartérite noueuse ;
– les vasculites allergiques ;
– les vasculites granulomateuses : maladie de Churg et Strauss,
granulomatose de Wegener, vasculite lymphomatoïde de Liebov.
Outre les lésions nodulaires hypodermiques, ces maladies sont
caractérisées par la présence d’autres manifestations cutanées :
livedo inflammatoire, purpura, plaques de gangrène, ulcérations.
B - VASCULITE NODULAIRE ET ÉRYTHÈME INDURÉ
DE BAZIN
:
1- Nosologie
:
La nosologie de ces affections a été récemment développée par Cribier et al.
L’érythème induré a été décrit par Bazin en 1855 : ce sont des lésions
nodulaires, parfois en placards, profondes, fermes à la palpation.
Dans la description initiale, ces lésions ne sont pas rattachées à la
tuberculose ; cependant des lésions identiques ont été observées chez
des patients présentant une tuberculose.
De ce fait, progressivement,
la notion d’érythème induré de Bazin d’origine tuberculeuse
apparaît dans la littérature.
En 1945, Montgomery et al décrivent des lésions similaires sous le
terme de vasculite nodulaire, sans rapport avec la tuberculose, peutêtre
dues à une hypersensibilité à un ou à des antigènes le plus
souvent inconnus.
La vasculite nodulaire et l’érythème induré de
Bazin sont deux affections identiques sur les plans clinique,
histologique et évolutif.
Dans un souci de clarification, Cribier propose de retenir le terme
de vasculite nodulaire, l’étiologie tuberculeuse étant possible mais
exceptionnelle.
L’origine tuberculeuse de cette affection est cependant régulièrement
discutée.
– Il existe des associations tuberculose et érythème induré de
Bazin.
– Dans certaines observations, l’érythème induré de Bazin régresse
sous trithérapie antituberculeuse.
– Enfin, pour « relancer le débat », de l’acide désoxyribonucléique
(ADN) de Mycobacterium tuberculosis a été mis en évidence par
polymerase chain reaction (PCR) dans de telles lésions.
Cependant, à ce jour, aucun bacille tuberculeux n’a pu être isolé en
culture dans ces lésions.
2- Aspects cliniques
:
La vasculite nodulaire est une affection peu fréquente, atteignant
presque exclusivement les femmes d’âge moyen (30 à 40 ans).
Il
existe rarement des anomalies vasculaires cliniquement décelables.
Cependant, on note souvent une surcharge pondérale, avec des
jambes ayant un aspect en « poteau ».
Il y a une perte du relief des
chevilles et parfois une kératose folliculaire.
Il n’y a pas de facteur
déclenchant, parfois des prodromes : sensations inhabituelles de
lourdeur des jambes, asthénie modérée.
Les lésions siègent sur les
jambes, de manière bilatérale, mais rarement symétrique.
Il s’agit de
nodules plus ou moins inflammatoires, cyanotiques, fermes, indurés.
Le nombre d’éléments est variable (en moyenne une dizaine).
Les
lésions mesurent 0,5 à 3 cm. Ces nodules sont soit bien délimités,
soit entourés d’une gangue inflammatoire ; ils sont rarement confluants.
La coloration est homogène, du rouge au violet.
L’ulcération des nodules est possible, surtout au centre des lésions.
Ils sont sensibles spontanément et douloureux à la palpation.
Après
quelques jours ou quelques semaines, les signes inflammatoires
régressent, la douleur diminue, les nodules se résorbent lentement.
Il n’y a pas de liquéfaction, ni de ramollissement. En cas
d’ulcération, les lésions laissent des cicatrices hyperpigmentées le
plus souvent.
Le repos accélère la disparition des lésions. Les récidives sont
extrêmement fréquentes.
L’état général est toujours parfaitement
conservé, sans fièvre, avec parfois une discrète asthénie.
3- Histologie
:
L’aspect clinique étant parfois peu spécifique, le diagnostic est
histologique, nécessitant des biopsies profondes avec de nombreuses
recoupes.
L’atteinte est hypodermique avec parfois une extension
au derme réticulaire.
Les lésions vasculaires sont multifocales,
touchant surtout les veines, plus rarement des artères, des septums interlobulaires, parfois de la jonction dermohypodermique.
Il s’agit
d’une endothélite, avec épaississement pariétal, thrombose
vasculaire et présence de granulomes tuberculoïdes intra- ou
périvasculaires.
Ces granulomes sont souvent riches en histiocytes langerhansiens.
Dans les stades précoces, on peut observer une
nécrose fibrinoïde de la paroi des vaisseaux.
Il existe également une
atteinte lobulaire avec infiltrat granulomateux, nécrose adipocytaire
et lipophagie.
Les immunomarquages montrent un contingent (environ 10 %) de
cellules dendritiques exprimant la protéine S100 au sein des
granulomes.
Il pourrait s’agir de cellules interdigitées ayant une
fonction de présentation antigénique aux lymphocytes T.
4- Traitement
:
Le repos améliore les lésions.
La dapsone (Disulonet 100) est
souvent efficace. Les sels d’or ont parfois été proposés.
C - THROMBOPHLÉBITES NODULAIRES :
1- Thrombophlébite récidivante migratrice de Barker :
Elle touche surtout les adultes de sexe masculin et se manifeste sous
forme de nodules douloureux, oblongs, d’apparition rapide, sur les
membres inférieurs, le long d’un trajet veineux.
L’évolution se fait
en 2 ou 3 semaines vers une résorption sans nécrose.
La récidive est
fréquente.
Sur le plan histologique, il s’agit d’une endothélite avec
oblitération complète de la veine.
On note une infiltration des parois
par des cellules inflammatoires mononucléées, puis une fibrose.
L’étiologie est inconnue ; il n’y a aucune pathologie générale
associée.
2- Phlébites superficielles :
Elles surviennent sur des lésions variqueuses et ne posent aucun
problème diagnostique ou thérapeutique.
3- Thromboses superficielles récidivantes :
Elles affectent un trajet veineux superficiel assez court sur les
membres inférieurs, mais aussi dans d’autres localisations (thorax,
membres supérieurs, cou).
Elles évoluent par poussées, laissant en
quelques semaines un cordon induré en « fil de fer ».
Elles imposent la recherche :
– d’une maladie de Behçet ;
– d’une périartérite noueuse à début veineux ;
– d’une néoplasie (gastrique, pulmonaire, pancréatique, colique,
mammaire) ;
– d’une hémopathie (maladie de Vaquez, leucémie myéloïde, thrombocytémie) ;
– d’un déficit en antithrombine III, en protéine C, en protéine S,
d’une activité fibrinolytique anormale, d’une dysfibrinogénémie,
d’un anticoagulant circulant, d’un anticorps anticardiolipides.
Hypodermites mixtes ou globales :
Dans bon nombre de situations, les lésions anatomopathologiques
sont globales, intéressant les lobules et les septums sans que l’on
puisse se prononcer sur la lésion initiale.
A - LUPUS ÉRYTHÉMATEUX PROFOND :
Synonyme : panniculite lupique, lupus érythémateux (LE) type
Irgang-Kaposi.
Il représente l’extension à l’hypoderme de la maladie lupique. Il
s’agit d’une éventualité rare survenant chez environ 1 à 3% des
malades atteints de LE de type discoïde ou systémique.
Il
touche surtout la femme d’âge moyen et reste exceptionnel chez
l’enfant.
La panniculite lupique peut être inaugurale de la
maladie (30 %) et parfois précéder de quelques mois ou années les
signes de la maladie lupique.
L’aspect clinique est celui d’une
plaque indurée, de taille variable, souvent mieux palpable que
visible à l’examen clinique.
La peau en surface peut être entièrement
normale, ou érythémateuse, ou encore montrer les signes de lupus
discoïde.
Les lésions nodulaires infiltrées peuvent siéger au niveau
de la tête (joues, cuir chevelu) accompagnant un LE discoïde, ou sur
une région du corps avec une prédilection pour le tissu graisseux
des bras ou des cuisses.
Elles sont le plus souvent indolentes.
L’évolution d’une lésion est chronique ; elle peut en revanche
devenir atrophique en laissant comme séquelle une cupule
déprimée.
L’apparition d’une ulcération est exceptionnelle.
Des
traumatismes peuvent être incriminés en tant que facteurs de
localisation.
Le diagnostic est facile lorsque la panniculite survient
dans le contexte d’une maladie lupique discoïde ou disséminée.
En
cas de panniculite inaugurale, solitaire, le recours aux examens
complémentaires est indispensable.
La panniculite peut
s’accompagner d’une fasciite.
La biologique lupique, avec présence d’anticorps antinucléaires (Ac
An) est positive dans deux tiers des cas environ.
Les Ac An retrouvés
sont divers selon le type de maladie qui se révèle (Ac anti-ADN,
antiRo...)
L’examen en immunofluorescence directe peut être d’un apport
décisif en montrant la présence d’une bande lupique au niveau de
la jonction dermoépidermique, même en l’absence de toute
modification inflammatoire du derme en regard du nodule
hypodermique.
La biopsie peut montrer des aspects évocateurs associant la présence
d’un infiltrat inflammatoire lymphocytaire du derme réticulaire et
une panniculite globale ; celle-ci est caractérisée par un infiltrat
lymphocytaire périvasculaire et surtout lobulaire, dissociant les
adipocytes et formant parfois de petits foyers lymphadénoïdes.
Les
lobules graisseux peuvent également comporter des zones de
nécrose hyaline.
L’atteinte vasculaire est d’importance variable : turgescence endothéliale, hyalinisation et épaississement pariétaux,
plus rarement thrombose.
L’absence de réaction granulomateuse et
lipophagique est remarquable.
Le traitement de la panniculite
lupique est celui de la maladie lupique associée ; en cas de
panniculite inaugurale ou solitaire, les antipaludéens de synthèse
sont le traitement de choix.
Cette très bonne sensibilité
thérapeutique en fait un critère de diagnostic supplémentaire.
B - HYPODERMITE DES SCLÉRODERMIES
ET DES DERMATOMYOSITES :
Une atteinte de l’hypoderme peut survenir dans toutes les variétés
de sclérodermies et en particulier dans les morphées dites
profondes.
Au cours des dermatomyosites, on peut voir à titre exceptionnel des
lésions en plaques infiltrées correspondant à une hypodermite
lymphocytaire.
La survenue de lésions lipoatrophiques est
également possible.
C - HYPODERMITES LIPOATROPHIANTES :
Elles se traduisent par une atrophie plus ou moins
complète du tissu graisseux, s’accompagnant ou résultant
d’un processus inflammatoire d’importance variable.
Seules les formes localisées sont envisagées.
1- Lipoatrophies secondaires à des injections
médicamenteuses
:
La réaction inflammatoire clinique ou anatomopathologique est
absente ou discrète.
Les lipoatrophies (LA) à l’insuline sont
devenues exceptionnelles depuis l’utilisation d’insulines purifiées ou
humaines.
Les LA postcortisoniques surviennent quelques semaines
après administration parentérale d’un corticoïde retard,
surtout lorsque l’injection n’est pas strictement
intramusculaire.
Elles sont partiellement et spontanément réversibles en
quelques années.
Des cas plus isolés ont été rapportés après injections
de sérums, vaccins, pénicilline...
2- Lipoatrophie annulaire des chevilles
:
Cette affection rare touche surtout les enfants de sexe féminin.
L’atteinte est uni- ou bilatérale ; elle débute par des nodules chauds,
tendus, érythémateux.
L’évolution se fait vers une atrophie
annulaire, avec hyperpigmentation de type inflammatoire.
Cette
maladie peut également toucher les bras et les avant-bras.
L’examen histologique à la phase initiale montre une hypodermite lymphohistiocytaire avec des foyers de lipophagie, sans atteinte
vasculaire.
L’étiologie est inconnue : on évoque le rôle de traumatismes
chroniques.
Il pourrait s’agir d’une atrophie secondaire à une panniculite
auto-immune.
Il n’y a pas de traitement efficace connu.
Cependant, de bons résultats ont été rapportés avec les
corticoïdes, les sulfones.
3- Lipoatrophie semi-circulaire des cuisses
:
Cette maladie rare touche la femme jeune et affecte la face antéroexterne des cuisses.
L’étiologie est inconnue ; quelques cas
sont secondaires à des microtraumatismes répétés.
L’évolution est
favorable dans la plupart des cas.
Il n’y a pas d’anomalies biologiques.
4- Lipodystrophie centrifuge abdominale
:
Elle a été décrite au Japon. Quelques rares cas européens sont
rapportés.
Elle débute dans l’enfance, entre 1 mois et 9 ans.
La lésion
initiale est inguinale ou axillaire.
L’extension est centrifuge, avec un
halo inflammatoire.
L’affection se stabilise à la puberté ; on note une
guérison dans 75 % des cas.
L’image histologique est la même que
dans la LA annulaire des chevilles.
On n’en connaît pas l’étiologie,
mais on rapporte là aussi le rôle de facteurs traumatiques :
contusion, hernie inguinale, injection intramusculaire...
Certains
auteurs discutent une origine familiale ethnique.
La corticothérapie
générale est probablement le meilleur choix thérapeutique.
D - HYPODERMITE LIPOATROPHIANTE DISSÉMINÉE :
Elle se manifeste par un tableau clinique de sévérité variable
caractérisé par la présence de zones déprimées correspondant à une
atrophie de la graisse.
Ces zones sont précédées par des lésions
infiltrées nodulaires.
L’aspect anatomopathologique montre un
infiltrat inflammatoire lymphocytaire septal et périlobulaire avec
atrophie secondaire de la graisse, sans présence des dépôts
éosinophiles caractéristiques du lupus profond.
Cette LA est souvent
associée à des maladies auto-immunes (thyroïdite, polyarthrite, polychondrite ou à des anomalies biologiques isolées (Ac An).
Les antipaludéens de synthèse sont le premier échelon thérapeutique
mais dans les formes sévères la corticothérapie générale est parfois
nécessaire.
E - FASCIITE-PANNICULITE :
Le syndrome fasciite-panniculite regroupe des maladies assez
diverses caractérisées par une atteinte de l’aponévrose superficielle
avec des lésions inflammatoires de la partie profonde de
l’hypoderme, touchant les septums et les lobules.
La maladie le plus
souvent en cause est la fasciite à éosinophiles, mais on a également
mentionné des sclérodermies localisées profondes, le syndrome des
huiles toxiques... et des formes associées à des cancers.
Cette pathologie extrêmement fréquente survient sur les jambes de
personnes présentant une insuffisance veineuse.
La sclérose est
primitivement septale avec remplacement progressif du tissu
graisseux par une fibrose de la jonction dermohypodermique et des
septums interlobulaires.
Des foyers de nécrose graisseuse peuvent
se surajouter.
On retrouve les signes dermiques de l’insuffisance
veineuse : oedème, purpura, dépôts d’hémosidérine et prolifération
capillaire en « bouquets ».
G - HYPODERMITES DIVERSES
:
1- Hypodermite neutrophilique :
Elle peut être associée aux syndromes neutrophiliques comme le
syndrome de Sweet, le pyoderma gangrenosum et la polychondrite
atrophiante.
Elle représente l’extension à l’hypoderme de
l’infiltrat inflammatoire.
De façon exceptionnelle, des hypodermites
mixtes lobulaires et septales ont été rapportées en association avec
le syndrome intestinal de l’anse borgne.
2- Hypodermite avec infiltrat à polynucléaires
éosinophiles :
Il s’agit presque toujours d’une atteinte hypodermique mixte
touchant les septums et les lobules.
L’allure clinique est peu
évocatrice avec présence de lésions nodulaires d’installation et de
régression rapides.
Il peut s’agir de l’extension vers l’hypoderme d’un infiltrat éosinophilique du derme ou d’une localisation hypodermique d’une
éosinophilie accompagnant une maladie parasitaire ou une maladie
systémique.
3- Autres
:
Des lésions de panniculite hémorragique et nécrosante ont été
décrites secondairement à des occlusions vasculaires et plus
particulièrement à des embolies de cholestérol.
Au cours de l’insuffisance rénale chronique avec hyperparathyroïdie
secondaire, on peut observer des calcinoses métastatiques diffuses
avec atteinte majeure de la microcirculation cutanée et dépôts de
calcium dans les parois vasculaires et au pourtour des adipocytes.
L’obstruction vasculaire peut entraîner des gangrènes cutanées ou
des panniculites nécrotiques et hémorragiques.
D’exceptionnelles panniculites goutteuses ont été rapportées avec
présence de nodules érythémateux hypodermiques, caractérisés par
une nécrose adipocytaire, un infiltrat à polynucléaires neutrophiles
et la présence de cristaux d’acide urique, mieux visibles en lumière
polarisée.
Ces cristaux d’acide urique sont faciles à distinguer des
images de cristallisation graisseuse de la CSN ; ils sont plus difficiles
à différencier des cristaux secondaires à des injections
médicamenteuses (pentazocine, mépéridine).
Dans la fièvre familiale méditerranéenne, les lésions cutanées sont
des plaques inflammatoires pseudoérysipélateuses, des nodosités
hypodermiques correspondant à des thromboses vasculaires et, de
façon exceptionnelle, à l’association panniculite lobulaire vraie et
vascularite thrombosante.
Hypodermites infectieuses
:
Elles seront largement envisagées dans une autre mise au point.
Elles résultent de la propagation à la graisse d’une maladie
infectieuse à inoculation cutanée ou d’une atteinte de contiguïté à
partir d’un organe sous-jacent ou encore d’une dissémination
septicémique.
Le terme d’hypodermite ou de dermohypodermite
infectieuse est à préférer à celui de cellulite.
Celui-ci entraîne la
confusion avec la cellulite physiologique féminine, il dérive d’un
terme obsolète qui est celui de tissu cellulaire sous-cutané.
Le diagnostic des hypodermites infectieuses repose sur des examens
bactériologiques ou mycologiques appropriés comprenant les
hémocultures, la culture après aspiration à l’aiguille du foyer
infectieux ou mise en culture d’un fragment de biopsie cutanée.
Seules quelques entités seront envisagées.
Des lésions nodulaires étagées sur un membre doivent faire évoquer
la possibilité d’une sporotrichose, d’une leishmaniose, avec
dissémination sporotrichoïde ou encore, plus rarement, d’une
mycobactériose atypique.
Dans ces éventualités, on retrouve souvent
la présence d’un chancre d’inoculation et les lésions disséminées se
retrouvent sur des trajets lymphatiques.
L’image
anatomopathologique est celle d’une hypodermite suppurative dans
laquelle les colorations spéciales (PAS, Gomori-Grocott, Giemsa et
Ziehl) et les cultures permettent l’identification des agents
responsables.
Des mycobactéries d’inoculation (Mycobacterium chelonei,
Mycobacterium fortuitum) peuvent survenir sur des sites d’injections
sous-cutanées ou intramusculaires ou après mésothérapie.
L’aspect anatomopathologique est habituellement celui d’une
hypodermite suppurative ; plus rarement on note la présence de
structures tuberculoïdes avec ou sans nécrose caséeuse.
Les gommes tuberculeuses ou les abcès froids dus à Mycobacterium
tuberculosis ou Mycobacterium bovis ou à d’autres mycobactéries
(Mycobacterium avium, Mycobacterium intracellulare) ne se voient
guère que dans des contextes d’immunodépression.
Les gommes
syphilitiques ont disparu. Des localisations hypodermiques de borrelioses à Borrelia burgdorferi ont été rapportées.